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Fonds personnel de chercheur: André Varagnac

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LES ARCHIVES PRIVEES D’UN CHERCHEUR EN SCIENCES SOCIALES : L’EXEMPLE DU FONDS ANDRE VARAGNAC

Céline ALAZARD

Le fonds d’archives André Varagnac  est un exemple de fonds dans lequel documents de nature privée et  archives produites dans un cadre public se complètent. Retraçant la riche carrière de leur producteur, ces archives témoignent du rôle du chercheur dans la reconnaissance du folklore comme discipline scientifique. De sa fonction de conservateur de musée à celle d’enseignant, de sa participation comme secrétaire aux enquêtes collectives des années 1930 aux écrits qu’il a publiés, André Varagnac illustre a travers ses documents d’archives une évolution dans la pratique des sciences sociales en France avec l’émergence de travaux de recherche collective.

Le fonds André Varagnac est conservé par la Maison des Sciences de l’Homme de Dijon depuis 2005, à l’initiative de Bertrand Müller, historien et sociologue, chargé de cours à l’Université de Genève et chercheur associé à la MSH de Dijon.

J’ai entrepris le classement des 8,5 ml d’archives déposées par la famille Varagnac au cours d’un stage de formation dans le cadre du master professionnel « Archives des XXe et XXIe siècles européens, du papier au numérique » proposé par l’Université de Bourgogne.

Ces archives privées, regroupant des documents datés de 1836 à 1995, reflètent la richesse d’une vie passée à l’étude du folklore au sein de plusieurs associations, la mise en valeur du patrimoine en tant que conservateur de musée, et l’enseignement de cette discipline des années 1950 aux années 1970.

Participant aux enquêtes de la Commission des Recherches Collectives, dirigées par Lucien Febvre et Marc Bloch dans les années 1930 au sein de l’Encyclopédie française, et dont André Varagnac assurait le secrétariat, les documents du fonds André Varagnac apparaissent comme révélateurs de l’émergence d’une méthodologie nouvelle dans la pratique des sciences sociales.

 

Les archives d’une carrière

Universitaire, conservateur des musées nationaux et folkloriste reconnu,  André Varagnac (1894-1983) est d’abord un étudiant qui se passionne pour les écrits de Durkheim, Lévy-Bruhl et Sir James Frazer. Il va devenir un acteur majeur dans l’émergence du folklore en tant que discipline à part entière. Alors professeur de philosophie, il participe à la création de la Société du Folklore Français en 1928, fonde la Société du Folklore Champenois en 1929 et devient, entre autres missions, secrétaire de la Commission des Recherches Collectives dont il assurera la gestion des enquêtes menées dans les années 1930[1].

Erudit, curieux du monde qui l’entoure et des idées qu’il véhicule, André Varagnac occupe de nombreuses fonctions au cours de sa carrière.

Elève d’Henri Hubert et Marcel Mauss à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de 1919 à 1938 et de Lucien Lévy-Bruhl à la Sorbonne en 1924-1925, il obtient un Diplôme d’Etudes Supérieures de Psychologie Expérimentale en 1923 et est licencié de philosophie en 1925.

Il enseigne cette discipline aux collèges de Vitré en 1926 puis de Châlons-sur-Marne de 1932 à 1935.

Il présente sa thèse sur le folklore, « Civilisation traditionnelle et genre de vie », à la Sorbonne en 1948 et devient docteur es Lettres. Il est à partir de cette date chargé d’enseignement puis Directeur d’études en 1952 à la VIe Section de l’EPHE, où il poursuivra son professorat au-delà de la retraite.

Parallèlement à son activité d’enseignant, André Varagnac crée en 1928 la Société Française de Folklore avec l’aide de Sir James Frazer, et en 1930 le Société du Folklore Champenois. C’est une répétition.

En 1934, Lucien Febvre le prend comme secrétaire de la Commission des Recherches Collectives du comité de l’Encyclopédie Française.

La même année, il est nommé membre de la Commission du régionalisme à l’Exposition Internationale. Il collabore également à la « Revue de Synthèse » et est secrétaire général du Centre de Synthèse de 1947 à 1949. Attention aux dates et aux mélanges chronologiques !!!

Collaborateur depuis 1936 de Georges-Henri Rivière et chargé de créer un Musée des Arts et Traditions Populaires, il en occupe le poste de conservateur-adjoint de 1936 à 1941.

A la Libération il demande sa mutation au Musée des Antiquités Nationales (dont il était déjà attaché libre de 1919 à 1921) où il sera nommé conservateur en chef en 1957, et gardera ce poste jusqu’en 1963.

Il est par ailleurs président-fondateur de la Société Française d’Archéocivilisation et de Folklore depuis 1945, de même que le fondateur et directeur de la revue « Antiquités nationales et internationales » de 1960 à 1965 et de la revue « Archéocivilisation » dès 1966. (introduire un intertitre)

Ces archives forment un ensemble original qui révèle les différentes activités d’André Varagnac qui a consacré sa vie professionnelle à l’étude du folklore mais aussi à la définition même du terme. Elles mettent en relief ses autres implications en tant que professeur et directeur d’études mais aussi en tant que conservateur de musée.

L’intérêt d’un tel ensemble se trouve donc dans la diversité des documents qui rendent possible la compréhension du cheminement intellectuel et professionnel du producteur.

Car si l’on s’attend aisément à avoir accès aux archives produites ou cours de son activité professionnelle, les papiers personnels, notes personnelles, notes de lecture et notes de cours donnent à voir ce qu’ont été les influences, les choix, les doutes d’André Varagnac au cours de sa formation intellectuelle. Ce type de documents occupe une importance matérielle non négligeable proportionnellement à l’ensemble du fonds.

Des cahiers, au nombre de vingt, auxquels s’ajoutent des feuilles volantes,  renferment les prises de notes des nombreuses lectures philosophiques, scientifiques et littéraires de l’étudiant mais aussi du professionnel qui reste au fait de l’évolution des problématiques concernant sa discipline. Entrecoupées de notes personnelles et autobiographiques, ces notes manuscrites rendent compte de l’intérêt constant du producteur pour ces sujets d’étude mais également de son opinion sur de nombreux autres thèmes de société ou sur diverses questions scientifiques.

Son expérience du premier conflit mondial et sa vie de soldat transparaissent par exemple dans la correspondance conséquente qu’il envoie à sa famille en 1916 et 1917.

Mais une importante partie des documents du fonds reste ceux  produits lors des différentes activités professionnelles d’André Varagnac. Ce dernier a en effet endossé plusieurs fonctions dans différentes associations et institutions.

Les réponses aux enquêtes entreprises par le Comité du Folklore Champenois sur les moissons, Carnaval et les feux de Carême sont par exemple conservées dans ce fonds d’archives privées.

Il en est de même pour les enquêtes du Centre de Synthèse portant principalement sur les usages funéraires.

L’originalité de l’ensemble réside de fait dans une juxtaposition d’archives de nature indéniablement privée (correspondance familiale et autres notes personnelles) avec des documents produits par des organismes publics tels que l’Ecole Pratique des Hautes Etudes et l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.

Ainsi, la nature de ces archives est originale puisqu’elle résulte à la fois d’une production personnelle (qui est celle du chercheur) tout en étant d’intérêt public, puisque produit dans le cadre d’institutions publiques. Cette ambiguïté pourrait occasionner d’ailleurs des problèmes quant à la communication des documents si l’ensemble du fonds n’avait pas le statut d’archives privées et donc un accès soumis à l’autorisation du déposant. (c’est un peu répétitif)

D’autres supports, comme les brouillons, la correspondance, les notes, les manuscrits, etc. sont  considérés naturellement comme étant des archives privées.

Or plutôt que de parler d’archives privées des chercheurs, on pourrait faire état d’archives publiques à caractère personnel, car produites dans le cadre d’une activité scientifique publique par une personne publique. Dans la pratique, le débat reste ouvert. (est-ce bien utile ici ??)

Malgré cela, la documentation préparatoire établie par un sociologue, un anthropologue ou un folkloriste ne trouve grâce souvent aux yeux du public qu’eu égard à la notoriété du chercheur. Et c’est dans les faits cette reconnaissance a priori qui permet la sauvegarde, ou non, des archives du spécialiste.

Quant à l’importante documentation amassée par André Varagnac (et son épouse qui collaborait à ses travaux de recherche), elle laisse entrevoir ses aspirations et ses centres d’intérêt, rendant plus compréhensible ses prises de positions scientifiques et intellectuelles.

Ici c’est pas assez clair car AV a été marié plusieurs fois et Marte Cholley-Varagnac a collaboré avec AV dans l’après-guerre, il faudrait peut-être le rappeller.

 

De manière générale, il faudrait peut-êtrer rappeler que l’état du fonds est constitué des documents déposés à Dijon et qu’il demeure pour l’instant un fonds clos mais pas complet.

 

Classement du fonds

Le fonds André Varagnac est donc conservé à Dijon sur l’initiative de Bertrand Müller.

Le rapatriement de ce type de fonds privé dans un cadre de conservation plus propice relève parfois du sauvetage. Nombre de ces précieux témoignages restent entreposés dans d’humides garages ou de poussiéreux greniers[2].

La collecte est surtout le fait de la persuasion des archivistes.

Il faut alors toute la diplomatie adéquate pour convaincre les détenteurs de ces fonds de les remettre à des organismes qui seront les mieux à même d’en préserver l’intégrité et d’en valoriser le contenu.

Ce fonds clos (mais pas complet) se composait d’environ soixante-dix boîtes d’archives auxquelles s’ajoutaient les enquêtes de la Commission des Recherches Collectives conditionnées par le producteur dans huit pochettes en carton.

Par ailleurs, deux boîtes en bois contenant des fiches papiers et deux atlas renfermant chacun une centaine de cartes complétaient l’ensemble.

Le problème pour les archives inhérentes aux activités du producteur était de discerner pour chaque document le cadre dans lequel il avait été produit puisque André Varagnac, tout en étant Conservateur en Chef du Musée des Antiquités Nationales poursuivait son activité d’enseignant alors qu’il participait à la préparation d’une conférence organisée par l’Institut International d’Archéocivilisation. Pas clair du tout !! en fait ce qu’il convient de rappeler c’est que le fonds avait été entreposé dansun garage dans des conditions ignorées et qu’il n’a pas fait l’objet d’un classement préalable ni d’un rangement systématique, en particulier la correspondance et de nombreuses notes et documents apparemment dispersés.

Dans ces conditions, les confusions étaient possibles.

Il fallait prendre connaissance des éléments du fonds mais surtout découvrir leur contexte de production pour être en mesure d’identifier chaque document qui se présentait sous forme de vrac.

Certains types de documents pouvaient cependant poser problème. Le plus insoluble a priori était celui de la correspondance dont l’importance matérielle est considérable dans le fonds.

Dispersée dans les diverses boîtes, certaines lettres étaient assez facilement identifiables. Elles indiquaient clairement l’auteur de la lettre et le destinataire.

Les premiers documents émanaient en majorité de l’activité de conservateur des musées nationaux d’André Varagnac au Musée des Arts et Traditions Populaires puis au Musée des Antiquités Nationales. Ils étaient destinés ou provenaient pour la plupart de la Direction des Musées de France, alors que d’autres indiquaient un échange entre le personnel. Le dire de manière plus typologique peut-être.

Dans la même logique, le reste de la correspondance a été sérié selon ses conditions de production, redonnant à chaque activité du producteur la correspondance qui lui revenait. Pas très clair !! La tâche aurait pu être facile sans l’existence de lettres contenues dans les dossiers prédéfinis par André Varagnac.

Le plus pertinent semblait être l’article (ou dossier) puisque c’était celui pour lequel le producteur avait opté implicitement et il s’avéra qu’il était le mieux adapté pour mettre en valeur la dynamique interne du fonds et retranscrire au mieux la vie et la carrière d’André Varagnac. Ici pas clair non plus, donner des exemples !

L’instrument de recherche choisi fut donc un répertoire numérique détaillé avec une cotation à l’article (ou dossier). Le logiciel Arkhéïa Aide au classement a été utilisé a cet effet, permettant une description suivant la norme ISAD(G) et la création de documents XML conformes à la norme DTD-EAD. L’instrument de recherche sera prochainement visible grâce à la plate-forme de consultation Pléade sur le portail des instruments de recherche archivistiques de la MSH de Dijon[3].

 

Intertitre.

Après avoir recensé les différents contextes de production, il apparaissait que le fonds, composé de dossiers établis par le producteur et de nombreux vracs, pouvait être divisé de façon cohérente en cinq sous-fonds : les papiers personnels du producteur, ses activités, ses travaux scientifiques, la documentation et la bibliothèque personnelle.

Les papiers personnels du producteur englobent la correspondance familiale et personnelle d’André Varagnac, quelques documents administratifs, ses notes de cours d’Henri Hubert et Marcel Mauss, de même que ses notes personnelles et ses notes de lectures, regroupées dans vingt carnets. Le lecteur y découvre entre autres écrits les considérations philosophiques du jeune André Varagnac ou le récit des différentes étapes, avec les différents acteurs, de la création de la Société du Folklore Français de 1928 à 1934.

Ses activités ont été divisées en plusieurs catégories : les activités associatives (Comité du Folklore Champenois, Centre de Synthèse, Société du Folklore Français et Institut International d’Archéocivilisation, Société Française des Historiens Locaux, Union Internationale des Groupe Folkloriques pour la Culture Populaire, Société OLONA).

Il a par ailleurs participé à l’élaboration et au suivi d’enquêtes, dont celles de la Commission des Recherches Collectives portant sur la moisson et feux traditionnels (1935), la forge de village (1936), l’alimentation populaire (1936) et sur les modes de locomotion et de transports traditionnels (1937). Les questionnaires papiers remplis par les personnes interrogées sont conservés dans ce fonds[4].

Des documents produits dans le cadre de ses fonctions au sein du Musée des Arts et Traditions Populaires et du Musée des Antiquités Nationales permettent non seulement une reconstitution de sa carrière muséologique mais témoignent également du fonctionnement interne et de l’activité scientifique des ces institutions.

André Varagnac reste un universitaire. Son activité d’enseignant est illustrée par les nombreux documents relatifs à l’EPHE et l’EHESS (notes et circulaires, compte rendus d’assemblées, cours dispensés et suivis de thèses.)

Un des sous-fonds les plus importants du point de vue volumétrique reste celui consacré aux publications. Les papiers n’étant pas classés de manière spécifique par l’auteur, comme ce fut le cas pour d’autres dossiers, la structure choisie est chronologique. Les écrits publiés, qu’il s’agisse de brouillons, tirés à part, manuscrits, textes dactylographiés ou articles de revues sont classés en neuf dossiers recouvrant les années 1922 à 1972. A ces textes s’ajoutent trois dossiers regroupant les articles de presse découpés concernant les principaux ouvrages publiés, un dossier sur l’édition de « Mélanges » offert à André Varagnac et trois autres avec la correspondance échangée avec les collaborateurs et les éditeurs.

Les communications orales présentées lors de colloques ou séminaires, les textes et notes non publiées ont quant à eux été classés à part, comme textes non publiés, de même que les  manuscrits et textes dactylographiés incomplets (environ soixante-dix pièces).

Enfin la documentation, très abondante, correspond à un sous-fonds composé pour partie de dossiers constitués par le producteur et par son épouse, ce qui explique que certains thèmes abordés se retrouvent par ailleurs dans le sous-fonds consacré aux écrits publiés, de même que la date de plusieurs documents soit postérieure à son décès.

Ces documents ont pour thèmes Marcel Sembat, les écrits du Docteur Marcel Baudoin, les papiers appartenant à son épouse Marthe Chollot-Varagnac, les traditions populaires, artisanat-agriculture-alimentation, politique et économie, Afrique, auteurs et scientifiques, presse et documents iconographiques. Ici il faut préciser qu’il s’agit en fait de document intégré au fonds AV mais qui ne sont pas des documents produits par lui.

Enfin, dix-neuf ouvrages d’auteurs variés sont cotés dans le sous-fonds nommé bibliothèque personnelle. Les ouvrages étaient ici dispersés dans les archives !!

Un témoignage historiographique

 

Partisan d’une professionnalisation et de la scientificité du folklore, André Varagnac n’aura de cesse tout au long de sa vie de réfléchir à la définition même de sa discipline.

Il aura marqué une rupture importante en mettant en lumière les problématiques portées par le folklore avec la création de la Société du Folklore Français la référence à l’ethno ne me paaît pas correcte car AV cherche à définir le folklore comme ethnologie,c e qu’il ne parviendra pas à faire !!! militant pour une professionnalisation de la recherche folklorique.

Intertitre

Une des richesses du fonds est la présence des enquêtes menées par la Commission des Recherches Collectives, conçues et réalisées par André Varagnac dans le cadre de l’Encyclopédie française[5]. Les réponses aux quatre principaux questionnaires portant sur les « Moissons et feux traditionnels », « La forge de village », « L’alimentation populaire », et « Les modes de locomotions et de transports traditionnels » ont été conservées (exceptés quelques feuillets manquants) par le producteur.

Leur intérêt historique mais également épistémologique est indiscutable. Ces archives témoignent d’une part des usages ruraux de l’entre-deux-guerres et d’autre part des efforts d’une discipline, le folklore, qui construit plus systématiquement sa documentation propre. Les résultats de ces enquêtes devaient par ailleurs documenter le volume prévu mais non réalisé de l’Encyclopédie française : le tome XIV sur les problèmes du bien être, confié à Jules Sion.

Les archives inhérentes à la Société du Folklore Français, de même que celles de l’Institut International d’Archéocivilisation rendent compte par la suite de l’évolution de la discipline et de l’élargissement considérable de son champ d’action. Il faudrait plutôt écrire ici des inflexions que AV tente de donner à sa conception d’un «folklore scientifique» concurrencé par l’affirmation d’une ethnologie de la France en le redéfinissant dans le cadre d’une archéocivilisation.

Il en est de même pour nombreux travaux scientifiques réalisés par André Varagnac. On retrouve dans ses archives non seulement les textes définitifs qui ont été publiés[6] mais aussi des manuscrits et tapuscrits originaux qui traduisent l’avancée des recherches du folkloriste et les hypothèses pour lesquelles le doute persistait.

Quant à l’importante documentation amassée par le producteur  (et son épouse qui collaborait à ses travaux de recherche), elle laisse entrevoir ses aspirations et ses centres d’intérêt, rendant plus compréhensible ses prises de positions scientifiques et intellectuelles.

La prise de conscience nouvelle des chercheurs quant à une possible revisite des archives des sciences sociales pour des travaux ultérieurs procède encore une fois de la nature spécifique de ces documents. Le sociologue qui mène une enquête au sein d’un groupe social particulier amasse des informations fondamentales sur celui-ci et les archives qui en résultent ne font pas uniquement écho à des données sources de publications scientifiques sur un sujet précis, elles sont également témoins (des sources ???) du contexte particulier dans lequel elles ont été produites. En ce sens, les archives des sciences sociales sont particulièrement précieuses pour l’étude de phénomènes sociaux disparus puisqu’elles sont étroitement liées à l’activité sociale à l’origine de leur production.

Cette assertion remet en cause l’idée préconçue d’une relation privilégiée avec les archives qui serait le seul fait de l’historien, sa recherche étant principalement basée sur une interprétation des sources archivistiques, le plus souvent résultantes d’une activité sociale, qu’elle soit administrative, économique, culturelle. Or il demeure lui-même producteur d’archives par son activité de recherche. (intéressant mais je ne comprends pas vraiment : tu veux marquer la différence entre intérêt historique et scientifique de l’archive ?? ou alors insister sur l’articulation entre les œuvres et les pratiques ???)

Il faut dépasser cet aspect restrictif de l’archive et insister sur son importance pour  l’ensemble des sciences sociales.

La preuve en est de l’intérêt de telles archives pour l’écriture d’une histoire des sciences sociales qui puisse s’appuyer sur des données concrètes et non sur les simples ouvrages publiés, traitant des résultats de la recherche  et non de la recherche en tant que pratique scientifique.

C’est par l’appropriation des procédés de travail que peuvent être définis les prémices de disciplines comme l’ethnologie ou l’anthropologie. La relecture des enquêtes ou carnets de terrain permet de rendre compte des fondements  théoriques de ces disciplines, des concepts, des méthodes de constructions des données.

Il s’agit bien dans ce cas d’une « revisite » des archives des sciences sociales qui, après avoir été sources d’hypothèses avancées par des spécialistes, deviennent éléments de compréhension de la discipline en tant qu’activité scientifique. Si, mais la revisite a une signification un peu différente qui peu ici prêter éventuellement à confusion)

 

 

Conclusion

 

Bien que considéré dans son ensemble comme fonds d’archives privées, statut conféré en particulier par la constitution et les conditions de conservation des documents les archives d’André Varagnac illustrent la complexité d’un fonds de chercheur dans lequel documents privés et documents produits dans le cadre d’une activité publique se complètent.

Or le régime de communication inhérent à ce statut demeure celui d’un fonds privé, dont l’accès est soumis à l’autorisation du déposant.

L’intérêt d’un tel fonds réside dans la diversité des contextes de production qui permet de retracer la carrière du producteur, de ses velléités intellectuelles d’étudiant à sa participation active au sein de la Commission des Recherches Collectives.

Cette dernière marque le virage amorcée dans les années 1930 quant à la recherche collective, et le rapprochement entre historiens et folkloristes. En ce sens, les questionnaires originaux conservés à Dijon témoignent d’un moment fort de l’historiographie des sciences humaines et sociales. En particulier parce qu’il singularise une première tentative d’un travail scientifique et documentaire collectif dans des disciplines encore faiblement institutionnalisées.

 

 

Céline ALAZARD

Archiviste, MSH de Dijon

 


[1]                  D’après la notice biographique rédigée dans le « Maitron » par Nicole Racine et notes personnelles d’André Varagnac

[2]                  Ils ne bénéficient pas de procédure de classement définie dans le Code du Patrimoine (art. L. 212-15 à L. 212-28) et par le décret 79-1040 du 3 décembre 1979 pour les fonds d’archives privées présentant un intérêt historique particulier et reconnu

[3]                  Consultable à l’adresse http://constel07.u-bourgogne.fr:8080/sdx/pl/

[4]                  Les microfilms des quatre enquêtes de la CRC sont conservés au MuCEM

[5]                  Sur les enquêtes de la Commission des Recherches Collectives, voir Bertrand Müller et Florence Weber, « Réseaux de correspondants et missions folkloriques. Le travail d’enquête, en France, vers 1930 », Gradhiva, Revue d’histoire et d’archives de l’anthropologie, 2003, n° 33, pp. 43-56.

[6]                  Les tirés-à-part, bien qu’ordinairement écartés des fonds d’archives ont été ici conservés. Ce parti a été pris car ils apportent un élément supplémentaire à la perception de la carrière et de l’œuvre d’André Varagnac


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